samedi 21 septembre 2013

CONFLIT SYRIEN : NE LAISSONS PAS LA FRANCE METTRE LE FEU A UNE POUDRIERE !

Carte de la Syrie L'indignation fait l'unanimité face aux atrocités commises sur la population de Damas, le 21 août dernier. La communauté internationale sait depuis bien longtemps que Bachar al-Assad est un tyran mais la guerre civile qui règne depuis plusieurs mois est montée d'un cran cet été, avec l'utilisation d'armes chimiques.

Faut-il pour autant s'engouffrer avec précipitation dans le conflit syrien ? Certainement pas !Il faut user de prudence, de sagesse et ne pas prendre de décisions hâtives aux conséquences difficilement contrôlables.

Nous ne pouvons que déplorer l'amateurisme dont fait preuve François Hollande, (une fois de plus !), sur un sujet aussi grave, complexe et sensible.

Amateurisme, parce qu'il a très mal évalué la position des Etats-Unis et du Royaume-Uni pour annoncer aussi rapidement son ralliement en faveur d'une intervention en Syrie.

Amateurisme, parce qu'il a piétiné les règles qui régissent l'ONU, en n'attendant pas la présentation du rapport de cet organe majeur sur l'attaque chimique du 21 août. Faut-il rappeler que la France est membre permanent du Conseil de Sécurité et qu'elle doit se conformer aux décisions de l'ONU ?

Amateurisme, parce qu'une telle décision exige que toutes les voies politiques, diplomatiques et juridiques aient été utilisées auparavant.

Amateurisme, parce que François Hollande met la charrue avant les boeufs en organisant un débat au sein de l'assemblée nationale, le 4 septembre dernier, avant que le vote du Congrès américain n'ait lieu.

Pire que l'amateurisme, François Hollande, ridiculise la France sur la scène internationale en affichant une allégeance totale à l'oncle Sam, les frappes militaires contre la Syrie dépendant non pas du vote du parlement français mais du vote du congrès américain ! La souveraineté nationale est une fois encore mise à mal...

Alors que le Royaume-Uni a dit « non », que l'Amérique attend la décision du Congrès, que la Russie use de prudence, que l'Union européenne ne trouve pas de position commune, la France, quant à elle, s'obstine à vouloir intervenir en Syrie.

La détermination de François Hollande est d'ailleurs assez surprenante. Sa majorité serait-elle amnésique ? N'était-ce pas lui qui, en mars 2003, s'en prenait à l'offensive américaine menée contre l'Irak, en déclarant au nom du PS : « Nous considérons qu'elle n'a ni la légalité ni la légitimité. C'est pourquoi nous condamnons cette intervention ».

Des frappes militaires françaises en Syrie pour tenter de mettre fin à l'utilisation des armes chimiques auraient des conséquences très lourdes pour des résultats très incertains.

En effet, nous sommes tous conscients que la rébellion syrienne est constituée de réseaux islamistes totalitaires. Nous constatons également aujourd'hui les effets du « Printemps arabe » et la montée des fondamentalistes intégristes. François Hollande et son gouvernement n'ont-ils pas tiré des leçons de l'histoire ? Souhaitons-nous remplacer le régime de Bachar al-Assad par une dictature islamiste ?

Nul doute qu'une guerre contre le régime syrien mettrait en péril l'équilibre et la paix, si fragiles, au Proche-Orient. Dès la première frappe militaire, les tensions dans tous les pays proches de la Syrie seraient exacerbées. Ainsi, au Liban, on pourrait craindre une réaction du Hezbollah chiite, qui mettrait en danger les 900 soldats français situés dans le sud. Israël serait aussi très menacée à ses frontières. La riposte iranienne serait redoutable au Liban mais aussi en Arabie Saoudite. S'attaquer militairement à la Syrie embraserait toute la région , menacerait nos compatriotes présents dans cette zone et exposeraient dangereusement les Chrétiens.

En outre, il n'est guère probable que Vladimir Poutine accepte de voir remplacer le régime actuel syrien par un Etat sunnite islamiste. Allons-nous aussi nous mettre à dos la Russie, en intervenant dans la guerre civile qui déchire la Syrie ?

Au-delà des aspects géopolitiques, il faut également s'interroger sur les moyens militaires et financiers de la France. Elle affiche un déficit budgétaire colossale et le dernier rapport parlementaire sur la défense fait état de moyens militaires de plus en plus faibles et obsolètes. Est-il raisonnable d'engager notre pays dans un conflit à l'issue et au coût incertains ?

A mon sens, toutes les voies diplomatiques et juridiques doivent être exploitées pour sanctionner les actes infâmes commandités par Bachar al-Assad, avant d'envisager des frappes militaires.

De plus, François Hollande ferait mieux d'être à l'écoute des Français qui souffrent et de trouver des solutions au chômage, à la baisse du pouvoir d'achat, à la croissance quasi-nulle de notre pays etc...plutôt que se positionner en donneur de leçons et en va-t-en guerre. De même, il est urgent de rétablir l'autorité de l'Etat en France, notamment dans les zones de non-droit. Les derniers évènements qui se sont produits à Colombes et à Marseille sont très préoccupants. Les Français sont exaspérés et, il convient de le rappeler, majoritairement opposés à une réponse militaire de notre pays en Syrie. Mais François Hollande a-t-il la moindre considération pour ce que pensent les Français....?

Sophie Mével, le 5 septembre 2013

Conseillère municipale et communautaire de Brest